[FIFH 2022] «The Perfect Candidate», petites avancées et grands espoirs en terre wahhabite

Avec The Perfect Candidate, la réalisatrice Haifaa Al-Mansour signe une comédie dramatique sur les conditions des femmes en Arabie Saoudite. Un tableau engagé, volontaire, mais à demi-mesure 

Après le succès de Wadjda (2012), Haifaa Al-Mansour revient sur la destinée des femmes en Arabie saoudite avec The perfect candidate. Depuis le tournage de son premier film, les femmes saoudiennes ont conquis quelques droits, encore très modestes. Pour son premier succès, celle que l’on a présentée comme la première réalisatrice saoudienne avait dû tourner dans la plus grande discrétion pour ne pas se mélanger aux hommes et contourner les interdictions en place.

Avec The Perfect Candidate, Haifaa Al-Mansour peint une société divisée, finalement représentative du paradoxe d’un royaume wahhabite qui s’efforce de contrôler son image à grands coups de décrets royaux mais qui reste encore largement restrictive sur le sort de ses femmes. Cette ambiguïté tient tout le long du film, à commencer par le personnage de Maryam (Mila Alzahrani), héroïne de cette comédie dramatique et symbole d’une avancée timide.

Tous les matins, la jeune femme se rend à la clinique dans laquelle elle travaille à bord d’une voiture neuve dont elle est fière – elle n’a d’ailleurs toujours pas découvert les plastiques des fauteuils. Les femmes saoudiennes sont autorisées à conduire depuis 2018. Jeune médecin, Maryam a pu suivre des études et entreprendre une carrière dans sa ville. Femme libérée ? Pas vraiment. Elle se retrouve confrontée aux restrictions de son pays, comme lorsque des patients lui refusent les soins sous prétexte qu’elle est une femme. Rapidement, c’est à l’aéroport que son « sort de femme » la rattrape. Maryam ne parvient pas à prendre l’avion toute seule. L’autorisation de son tuteur (son père) n’est plus à jour. Là voilà alors projetée, presque malgré elle, dans une pérégrination administrative qui la conduit à se présenter comme candidate aux élections municipales de sa ville. Une situation burlesque qui prête à rire, mais un rire complexé, parfois gêné.

Le profil idéal

Le programme de la jeune femme est simple : goudronner la route qui mène à sa clinique. Recouverte de quelques caillasses, celle-ci se retrouve régulièrement embourbée et bloque l’accès des urgences. Mais Maryam se retrouve très vite face à un monde dont elle semblerait avoir oublié les interdits. Une naïveté, certes charmante, mais qui rappelle que Maryam n’incarne qu’une minorité de Saoudiennes. 

La jeune femme se lance dans une campagne politique avec ses deux soeurs alors que leur père est en tournée dans le royaume. Un tuteur absent et conciliant, qui laisse une certaine liberté à ses filles. Quand ses collègues le tacle sur l’ambition de Maryam, celui-ci répond « qu’elles feront ce qu’elles veulent de leurs vies ». Non sans espoir (et ça fait du bien), The Perfect Candidate a trouvé en Maryam le profil idéal pour incarner une cause noble, mais reste à bien des égards le visage de la fiction. 

Bastien Marie

The Perfect candidate de Haifaa Al-Mansour

Film saoudien, 1 h 44