Ce lundi 24 janvier, une dizaine d’associations se sont réunies à Bordeaux devant la Préfecture de la Gironde. Un rassemblement en réaction aux propos de la préfète, Fabienne Buccio, qui conteste le recensement des sans-abris lors de la Nuit de la Solidarité du jeudi 20 janvier. Les associations ne comprennent pas que la préfecture remette leur parole en doute.
En collaboration avec la mairie de Bordeaux et l’INSEE, près de 450 bénévoles d’associations bordelaises ont recensé un total de 848 personnes qui auraient besoin d’un hébergement d’urgence dans la métropole bordelaise.
Des chiffres contestés par la Préfecture, qui dénonce “l’amalgame des situations qui enlève toute crédibilité à cette action”. En effet, dans le recensement effectué le 20 janvier, les personnes dans les squats sont comptabilisées alors que selon la préfecture, elles “ne dorment pas réellement à la rue”.
« Ne vous battez pas pour les chiffres, le compte n’y est pas ! ». C’est par ces mots que commence le communiqué de presse des associations présentent ce lundi 24 janvier devant la Préfecture. Le compte n’y est pas parce qu’en réalité, il est plus élevé. En prenant en compte les hébergements solidaires, 432 personnes devraient être ajoutées aux 848 recensées pendant la Nuit de la Solidarité.
“Des propos méprisants qui nient la réalité” pour Estelle Morizot, présidente de La Maraude du Coeur. Brigitte Lopez, porte-parole de l’association RESF33, explique ces propos par un manque de dialogue entre la préfecture et les associations sur le terrain : « Nos associations ne sont jamais reçues alors que nous savons dans quelle situation sont les gens et de quoi ils ont besoin« .
Le 115 : un dispositif inefficace
Parmi les arguments avancés par la préfète : pendant la Nuit de la Solidarité du 20 janvier, aucun appel n’a été passé au 115 pour demander un hébergement d’urgence. Mais pour les associations, “la seule comptabilisation des appels au 115 ne peut en aucun cas constituer une méthode un tant soit peu sérieuse”.
“On se rend bien compte que le 115 n’a aucune efficacité. C’est un dispositif à remettre en cause. Si plus personne ne les appelle, c’est que le dispositif ne permet pas d’être assez près de la réalité des gens”, analyse Cécilia Fonseca, présidente de l’association Les Gratuits.
Un argument qui n’est pas recevable pour Estelle Morizot : “ce n’est pas à 20h que les gens vont appeler le 115 pour demander un hébergement d’urgence alors qu’on sait que dès 12h, tout est déjà plein”.
Et quand il y a encore des places en hébergement d’urgence, elles ne conviennent pas aux situations des demandeurs. “On ne peut pas proposer un hébergement à Lesparre à une famille dont les enfants sont scolarisés à Bordeaux”, souligne Brigitte Lopez. Pour Cécilia Fonseca, “la Préfecture ne veut pas prendre ses responsabilités. Nier les chiffres lui permet de se dédouaner”.
Même si le dialogue semble rompu avec la préfecture, les associations gardent espoir. “Tant qu’il y aura des gens dans la rue, nous continuerons à mener nos combats, nous n’arrêterons pas”, conclut Cécilia Fonseca.
Lolla Sauty–Hoyer