Plus de sept commerçants bordelais sur dix sont déçus par la faible activité à l’occasion des soldes d’hiver. Avec les contraintes sanitaires, les clients sont moins nombreux. Pour Sandy, commerçante dans l’hypercentre, cette situation pèse sur son activité et son moral.
Les commerçants bordelais ont le bourdon, et il y a de quoi. Selon une enquête de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Gironde, publiée vendredi 21 janvier, les piétons sont 60 % moins nombreux à flâner dans le centre-ville, par rapport à la même période de l’an dernier. Résultat : 74 % des commerçants interrogés déclarent être « déçus« , voire « très déçus« , de ce lancement des soldes d’hiver 2022.
La crise sanitaire apparaît la première responsable de cette faible activité. “Plusieurs raisons sont avancées : crise sanitaire et contaminations par Omicron, 3 jours de télétravail pour beaucoup de salariés, une météo maussade et des ventes privées diminuant l’intérêt des soldes”, avance la CCI dans son enquête.
Un triste constat partagé par Sandy, propriétaire de la petite boutique de vêtements Le Psyché D’Holly, installée rue Saint-James, à deux pas de la Grosse Cloche. Depuis son ouverture en 2014, elle n’a tout simplement jamais vu une si faible affluence dans les rues. Interview.
IJBA Deux semaines après le lancement des soldes d’hiver, comment sentez-vous les choses ?
Sandy Je fais partie des commerçants interrogés par la CCI, et je dois dire que c’est plutôt catastrophique. En sept ans et demi, je n’ai jamais vu ça, il y a personne dans les rues. Le samedi, on a un peu plus de monde, un peu plus de passage, on voit que les gens ont envie de se balader, de consommer, mais alors la semaine, c’est désert. On essaie de trouver des excuses à tout ça, le Covid, le télétravail, mais ça commence à être lourd.
Comment cela se traduit-il sur votre chiffre d’affaires ?
Je n’aime pas trop faire parler mes chiffres avant la fin du match, mais on le voit au niveau des stocks, on en a encore beaucoup, même en seconde démarque, et on ne va pas non plus se mettre sur la paille pour pouvoir faire partir plus vite. C’est l’affluence des gens qui manque, et non pas notre offre qui est en dessous de ce qu’il faudrait qu’on fasse.
Je ne vais pas chercher à réduire encore plus mes marges !
Sandy
Quelles solutions envisagez-vous de mettre en œuvre pour attirer davantage de clients ?
À un moment donné, quand il n’y a vraiment personne, je ne vais pas aller me mettre sur le trottoir avec mes cintres ! On a passé la démarque un peu plus tôt, mais bon, ce n’est même pas ça qui fait que ça repart. On a démarré à – 40 %, c’est déjà beaucoup ! Là, on passe à – 50 %, mais c’est surtout histoire de nous occuper à changer les étiquettes… On sait que ce n’est pas ça qui fait qu’on aura plus de monde et je ne vais pas chercher à réduire encore plus mes marges.
Comment vivez-vous cette situation personnellement ? Ça vous pèse ?
C’est peu dire. Ça fait trois ans que moralement, il faut s’accrocher, donc on commence à avoir l’habitude. Je pense que les psychologues ont un créneau à jouer avec les commerçants, il y a du boulot ! De toute façon, quand on monte son commerce, on sait que tout n’est pas rose, mais c’est vrai que ça commence à durer, et donc moralement, c’est plus compliqué.
Propos recueillis par Philippe Peyre