Ecrivain, réalisateur, Marc Dugain connaît une actualité riche cette année avec la sortie quasi simultanée de son livre “Ils ont tué Robert Kennedy” et son film “L’échange des princesses”.
Livres, téléfilms, longs métrages… une vingtaine d’oeuvres et une même marque de fabrique : raconter l’envers de l’Histoire, ce qui se cache derrière la famille Kennedy, ou derrière l’échange de princesses royales entre la France et l’Espagne sous Louis XV.
« Aller voir ce qu’on ne voit pas », pour Marc Dugain c’est une véritable « obsession ». Tel un journaliste d’investigation, il enquête, pour nous entraîner dans les secrets du réel.
« L’échange des princesses », son dernier long-métrage, a séduit le public lors de l’avant-première au festival du film d’histoire de Pessac. Il sortira dans les salles le 27 décembre prochain. Le réalisateur met en lumière un épisode méconnu du règne de Louis XV. En 1721, le Régent de France Philippe d’Orléans propose à Philippe V d’Espagne un mariage entre Louis XV et la très jeune Infante d’Espagne, Maria Anna Victoria. L’objectif est double. Asseoir une relation de paix entre les deux pays, mais surtout retarder le jour où la femme de Louis XV sera en âge de lui offrir une descendance.
« Le film s’est décidé en 3 jours »
Des enfants, des costumes d’époque, le monde des secrets et des manigances, la notion de pouvoir et de soumission, une part de folie… tous les thèmes favoris de Marc Dugain étaient réunis dans le roman de Chantal Thomas, paru en 2013. Presque sur un coup de tête, il se lance dans l’adaptation.
Quand la fiction aide à comprendre le réel
« Marc Dugain ne se contente pas de raconter si l’eau est plus ou moins calme, mais il cherche à savoir ce qui se passe sous l’eau, ce qu’on ne voit pas ». C’est ainsi que le décrit Jean-Claude Raspiengeas, grand reporter Culture au journal La Croix, et spécialiste de Marc Dugain. Marc Dugain part souvent de faits historiques. Il aborde ses œuvres avec une démarche intellectuelle proche du journalisme d’investigation. Il cherche à comprendre la vérité, l’information cachée. Le réalisateur aime le monde des services secrets, du pouvoir, des complots.
Et pourtant, il se classe bel et bien parmi les auteurs et réalisateurs de fiction. Pour mieux comprendre dans quel registre se situent ses oeuvres, nous avons demandé à Clément Puget, maître de conférences en cinématographie à l’Université Bordeaux Montaigne de nous parler des différences de genres entre documentaire, documentaire et fiction et fiction pure.
La liberté qu’offre la fiction est un trésor dont Marc Dugain ne compte pas se séparer. « La vérité n’existe pas », nous confie-t-il sur le festival de Pessac. « L’être humain est essentiellement subjectivité ». La romancière et historienne au CNRS Chantal Thomas a ainsi écrit sa propre représentation du réel, que Marc Dugain a lui-même réinterprété au cinéma. Ainsi, Mademoiselle de Montpensier, n’a pas la même physionomie dans le roman que dans le film. Dans la version de Chantal Thomas, elle se goinfre à la Cour, alors que l’actrice reste belle au cinéma.
Tous ces arrangements avec le réel ont été décidés « en accord avec Chantal Thomas », précise le réalisateur. « Nous avons écrits le scénario ensemble, je tenais la plume, elle était là comme conseillère et comme amie. J’ai toujours fait en sorte qu’elle soit associée. » L’adaptation s’est faite jusqu’au dernier moment. Même au moment du tournage, certaines scènes ont été modifiées par rapport au scénario originel.
Une myriade de projets
A venir, un livre sur les coulisses du tournage de « L’échange des princesses ». Infatigable, Marc Dugain prépare entre autres une série sur le Frexit en cours d’écriture pour Arte, une série avec Jean-Jacques Annaud et l’adaptation d’un manga.
Autant de projets littéraires et cinématographiques… tout laisse croire que cet ancien financier et chef d’entreprise n’est pas prêt de replonger dans le monde des affaires.