Intelligence artificielle : à Bordeaux, le club d’escrime investit dans l’analyse vidéo intelligente

Le club sera équipé d’ici 2024 d’une intelligence artificielle qui développe la performance des athlètes à l’aide d’une analyse vidéo. Un moyen d’affiner sa technique au détail près. Reportage.

Cécile Demaude et Adrien Turkawka, licenciés du club lors de l’inauguration de la salle handisport en septembre dernier. DR – Mairie de Bordeaux

À Bordeaux, le Club Athlétique Municipale (CAM) d’escrime mise sur les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle pour optimiser la performance des athlètes. Le club a choisi d’investir, dans l’intelligence artificielle car leurs ambitions sont tournées vers la haute performance. « On donne les moyens aux athlètes de les accompagner et cela passe forcément par des investissements de ce genre, sinon on peut être vite dépassé », explique Clément Cambeilh, maître d’armes dans cette structure spécifiquement dédiée aux escrimeurs et escrimeuses handisport de haut niveau. 

Pour avoir une touche d’avance, la société paloise ST 37 Sport et Technologie équipera d’ici 2024 la salle d’armes handisport de caméras robotisées permettant une analyse vidéo instantanée à la fois pour les entraînements et les compétitions. « Une première en Europe pour un club d’escrime » insiste Clément Cambeilh. Concrètement, le logiciel Skouting d’analyse vidéo intelligente va permettre de décortiquer un match ou un entraînement, détaillant l’ensemble des actions réalisées. « On pousse le système assez loin et c’est très pratique quand on fait un sport comme le nôtre : avec la technicité et la vitesse de réalisation des mouvements, on ne peut pas tout voir à l’œil nu. » L’objectif est clair : faire progresser l’athlète en analysant ses points faibles et points forts. La salle d’armes est déjà opérationnelle, dans les murs câbles et alimentation ont déjà pris place, il ne manque plus que la machine. Le montant total des travaux s’élève à 800 000 euros. On imagine déjà bien les 180 licenciés se perfectionner à l’aide de l’intelligence artificielle. 

Clément Cambeilh, maître d’armes au CAM escrime.

Une nouvelle technologie à prendre en main 

Ancien membre de l’équipe de France d’escrime, Clément Cambeilh sera à la manœuvre pour l’analyse dans la vidéo. Une habitude déjà prise, lorsqu’il a été entraîneur adjoint de l’équipe de France d’escrime paralympique lors des Jeux de Tokyo en 2021. C’est lui, pendant cette compétition internationale qui était chargé de la prise de contenus vidéos et d’analyse. « Je pense que les jeux de Tokyo ont été le déclic pour commencer à récolter des données et une analyse vidéo plus détaillée. Aux Jeux de Rio, on n’en parlait beaucoup moins » précise-t-il.  Selon lui, c’est la crise sanitaire du Covid-19 qui a déclenché cet intérêt. « Le Covid nous a privés de la Coupe du Monde, on ne pouvait donc pas voir les performances des autres nations. On a donc travaillé avec la vidéo.» 


Même si le nouvel équipement du club s’annonce prometteur pour la progression des athlètes, Clément Cambeilh souligne la difficulté que la machine soit bénéfique pour les Jeux de Paris 2024. « Des Jeux ça se prépare 4, voire 8 ans en amont. D’abord, il faut qu’on se familiarise avec la machine, qu’on affine les réglages. Être prêt pour Paris semble compliqué, par contre Los Angeles, oui.»  Entraîneurs comme sportifs ne cachent pas leur envie d’être en possession de l’IA le plus rapidement possible, même si  Clément Cambeilh reconnaît que certains anciens sont encore réticents à l’idée d’introduire cette technologie.« Ils ont peur que ça change l’escrime.»  Mais pour lui, il n’y a aucun doute « l’IA nous pousse vers le haut.» 

Marthe Dolphin @DolphinMarthe

Isabelle Veloso Vieira @Isabellevlv