IA : « On est en retard par rapport aux nations étrangères » tranche Benoît Schuller de l’Agence Nationale du Sport

L’Agence nationale du sport a développé un outil collaboratif, Sport data Hub. L’objectif : analyser des données sportives pour améliorer la performance des joueurs. Un domaine dans lequel la France à du retard à rattraper avant les JO 2024. Échange avec Benoît Schuller, expert au pôle haute performance à l’Agence Nationale du Sport.

Benoît Schuller, expert de la haute performance à l’Agence Nationale du Sport (ANS)

Quel est l’objectif de l’outil collaboratif d’optimisation de la performance, Sport data Hub, lancé par l’Insep et l’Agence Nationale du Sport (ANS) ? 

Benoît Schuller : Le Sport data hub est une mission d’optimisation de la performance à travers les données et outils numériques.. Il est né lorsque la France a été désignée, en 2017, comme hôte pour les jeux olympiques et paralympiques 2024. C’est le fruit d’un plan national d’attaque entre l’Insep et l’ANS pour faire de la France l’une des 5 meilleures nations aux JO 2024. Pour y arriver, la sphère politique a mis les moyens financiers nécessaires afin de développer l’utilisation des données sportives (résultats, performances des joueurs) avec pour objectif d’améliorer les performances des joueurs. Nous avons alors réalisé un diagnostic pour savoir où en était dans l’utilisation de la données (ou data) dans le secteur du sport français. L’étude a conclu qu’on était assez éloigné de ce que font nos concurrents et donc en retard par rapport aux nations étrangères.

Quelles raisons expliquent ce retard ? 

B.S : Il est causé par différents facteurs. D’abord, en France, la culture d’exploitation des données dans le domaine du sport n’est pas très développée. Puis, les moyens financiers n’étaient pas non plus assez importants. C’était donc difficile de mettre en place des infrastructures et d’appliquer les réglementations européennes sur la protection des données comme la Règlement Général sur la protection des données (RGPD) pour évoluer dans l’analyse des résultats sportifs. Les fonds étaient plutôt dédiés à l’accompagnement d’un préparateur physique ou mental travaillant auprès d’un joueur. Mais la désignation de Paris pour accueillir les JO 2024 a changé la volonté politique. Depuis, une enveloppe financière a été consacrée à l’exploitation de la data en sport au niveau national. Un changement de priorité qui pourrait apporter un avantage concurrentiel à la France pour les JO de Paris.

L’agence a-t-elle des projets liés à l’IA en cours de développement pour combler ce retard et améliorer la performance sportive ? 

B.S : À ce jour, nous avons un projet en cours qui intègre une intelligence artificielle. On souhaite exploiter des millions de résultats sportifs à l’aide d’algorithmes et du machine learning (NDLR : le machine learning apprend aux machines à trier les données et à s’améliorer toute seule, sans être programmée). L’idée est de développer des modèles de prédiction de médailles et surtout d’identification des couloirs de performance et d’évolution. Ce sont des données qui pourraient aider les entraîneurs à prendre des décisions en vue d’améliorer certaines performances.

Marthe Dolphin @DolphinMarthe

Isabelle Veloso Vieira @Isabellevlv