[FIFH 2022] L’Autriche, terreau du nazisme

En compétition dans la catégorie du documentaire d’histoire au 32e festival international du film de Pessac, « Le Nazisme, une aventure autrichienne » retrace l’histoire du nazisme par le prisme de l’Autriche. Un documentaire original et grand public, qui semble parfois manquer de nuance.

Un énième documentaire sur la deuxième guerre mondiale. Oui. Mais « Le Nazisme, une aventure autrichienne » – dont on peut interroger la pertinence du terme « aventure » dans le titre – a le mérite de s’intéresser à un acteur mal connu de l’histoire du conflit : l’Autriche. En 52 minutes, il explique chronologiquement comment ce pays limitrophe à l’Allemagne a été un moteur du nazisme et le laboratoire de l’antisémitisme du troisième Reich. Construit exclusivement d’images d’archives en noir et blanc, ce documentaire sait rester accessible au grand public (certaines images dures peuvent néanmoins heurter les plus sensibles).

Une histoire sans nuance

« Bousculer les certitudes et décrypter les faits en proposant un autre regard » : l’objectif assumé de l’auteure, la Polonaise Barbara Necek, était ambitieux. Elle a semblé parfois manquer de recul. Notamment dans la première partie du film, consacrée aux racines de l’antisémitisme autrichien de l’après Première Guerre Mondiale à l’annexion en 1938 de l’Autriche par l’Allemagne nazie. À Vienne, « ils sont pressés de devenir Allemands », commente la voix off d’un ton grave, décrivant un parterre d’Autrichiens obéissant au doigt et à l’œil à Hitler. Le documentaire est catégorique sur le consentement des Autrichiens à se soumettre au régime nazi. Un sentiment poussé par la propagande du troisième Reich, qui est aujourd’hui nuancé par les historiens. Dommage que Barbara Necek ne rende pas compte de ces débats.

Dans un deuxième temps, l’auteure se concentre sur le rôle des nazis autrichiens dans l’élaboration et l’exécution de la Shoah. Le passage le mieux documenté. La dernière partie du film est la plus passionnante. Elle évoque la difficulté des Autrichiens à regarder leur passé avec lucidité, jusqu’à la reconnaissance des responsabilités du pays dans les atrocités du conflit en 1994. Dommage que ce passage soit si court, tant il s’inscrit dans une thématique d’actualité : le travail de mémoire.

Roman Bouquet Littre

« Le Nazisme, une aventure autrichienne »,

Barbara Necek,

France, 52 minutes