[FIFH 2022] Jeune cinéma, grand débarras

Le festival de Hyères était un lieu emblématique dont on se souvient après plusieurs décennies. Jeune cinéma, documentaire censé narrer ses coulisses, sera en revanche oublié d’ici la fin de l’année. Le film accumule des archives issues de débats et de rencontres. Sans réelle cohérence.

Sur le papier, Jeune cinéma est une promesse audacieuse. Celle du récit des coulisses de l’ancien festival du cinéma de Hyères, dans le Var. Comment ce lieu de rencontre et d’échange, où les jeunes artistes novateurs étaient accueillis à bras ouvert, témoigne d’une vision expérimentale du septième art ? Comment, miné par des querelles intestines, a-t-il été contraint de fermer en 1983,  après dix-huit années d’existence ? De bien belles questions, mais ce n’est pas ici que vous trouverez les réponses. 

À la place, Jeune cinéma est un empilement d’archives digne d’un Powerpoint. Des interviews de réalisateurs, des images de public, des témoignages de festivaliers… Sans jamais de contextualisation pour cimenter le récit. Le long-métrage se contente de montrer des scènes de débats. On comprend que le festival est un lieu d’échange cru où les pensées les plus extrêmes sont représentées. Mais les scènes sont trop longues. Le fond des rencontres se mélange à l’histoire du festival sans justification d’un quelconque narrateur.  

Mauvais Star Wars

Que reste-t-il des autres problématiques éparpillées en vrac dans le documentaire ? Pas grand chose. Jeune cinéma survole la dualité qui le lie à Cannes, dont la Quinzaine se déroule deux semaines après le festival de Hyères. Il aborde de loin les débouchés compliquées des films primés, coincés dans un environnement hyper concurrentiel. 

Surtout, on ne sait rien, ou presque, des tensions internes de l’événement. Il faudra se contenter de quelques phrases à la fin du documentaire évoquant un manque de subventions suite à un conseil d’administration. Là encore, un petit texte, police basique et couleur jaune pâle, défile de en haut bas. On croirait voir le traditionnel générique d’introduction déroulant de Star Wars. En (très) bas de gamme.

Pour une réelle autocritique de cet ancien bastion du cinéma expérimental, on repassera. Le documentaire a tout de la petite production artisanale. Le charme de Jeune cinéma vient presque de là. De son kitsch à outrance qui le place dans la veine des multiples longs-métrages sans budget passés par Hyères. Pas dénuée de charme, mais loin de sa mission informative.

Alexis Pfeiffer


Jeune cinéma.

Yves-Marie Mahé.

France. 1 heure et 13 minutes.