Michaël Prazan est venu présenter son film documentaire en deux épisodes sur l’Armée rouge, à l’occasion du 31e festival du film d’histoire de Pessac, en Gironde. Une œuvre ambitieuse qui pourrait décourager les non avertis.
Les grandes étapes de l’histoire de l’Armée rouge dans une fresque chronologique menée tambour battant : le film documentaire l’Armée rouge de Michaël Prazan se découpe en deux épisodes de 52 minutes. Le premier explore la période de la guerre patriotique en Russie. Le second s’attache à son rôle pendant la guerre froide. Le réalisateur en restitue les grandes étapes dans une fresque chronologique censée donner des repères au spectateur, quitte à réduire le récit à ses épisodes clés.
Les images présentées dans ce film sont rares ou inédites, et c’est là sa grande force. Par exemple, la mise en lumière de Rosa Chanina, tireur d’élite soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale, qui pose de manière singulière la question de la place des femmes. Ou encore la découverte, par l’Armée rouge, des camps de concentration de Majdanek et d’Auschwitz, en Pologne. Des archives qui glacent le sang.
Fast and furious
Toutefois, ce projet pouvait-il tenir en deux épisodes de moins d’une heure chacun ? Un challenge assez audacieux puisque la succession des images est parfois redondante et surtout trop rapide.
Le réalisateur passe en revue certains événements, comme les défaites allemandes de Stalingrad puis de Koursk… Mais des passages fondamentaux dans l’histoire de l’armée soviétique se succèdent parfois en un claquement de doigt. L’avalanche de noms, de grades, de lieux donne facilement le tournis.
D’autres épisodes, en revanche, semblent ignorés : la bataille sur le fleuve du Dniepr en URSS, pourtant considérée comme l’une des plus gigantesques batailles de l’histoire. Pour rappel, elle avait mobilisé des deux côtés, soviétique et nazi, jusqu’à quatre millions de soldats. L’opération Bagration en juin 1944, était une des plus grandes opérations militaires de cette période. Mais elle aussi est passée aux oubliettes.
Lors de la projection, certains spectateurs, par ailleurs conquis, ne comprenaient pas certaines décisions du réalisateur. Michaël Prazan a expliqué en retour qu’il n’avait « qu’une heure pour chaque épisode » et avait été dans l’obligation « de prendre des décisions ».
La voix du réalisateur accompagne tout le film, commentaires et témoignages. Son débit grave et posé sied au sujet. Mais on pourra regretter une certaine monotonie au risque, une fois de plus, de perdre le fil.
Corentin Alloune
L’Armée rouge de Michaël Prazan, sorti le 7 septembre 2021, deux épisodes (1. La Guerre Patriotique, 2. La Guerre Froide) d’une durée de 52 minutes chacun.