Après une première mobilisation inédite en décembre dernier, nouvelle grève ce mardi 19 janvier pour les surveillants de collège et lycée, autrement appelés les AED (Assistants d’éducation). Sans réponse du gouvernement, ils ont les mêmes demandes que la première fois : un nouveau statut, moins précaire, et plus de moyens. Ils étaient une vingtaine à tenir une assemblée générale à Bordeaux.
Pour parler, il faut lever la main. Marie, jeune surveillante d’une vingtaine d’années, note et distribue la parole. Chacun veut raconter les pressions exercées par sa direction depuis la première manifestation.
Camille n’y va pas par quatre chemins quand elle explique sa situation. Au départ, ses neuf collègues devaient manifester avec elle le 1er décembre, pour réclamer une pérennisation du métier. Mais sous la pression de la direction, elle s’est vite retrouvée seule.
Pressions hiérarchiques
« Ma directrice et ma CPE ont demandé à mes collègues de se désolidariser, ce qu’ils ont fait. Chacun a écrit une lettre. Depuis, je suis ostracisée. On me fait manger toute seule. Je ne vais plus au portail (pour surveiller l’entrée des élèves, ndlr) ou au bureau (de la vie scolaire, ndlr) parce que je pourrais être en contact avec les parents. Et je ne suis plus de cantine parce que je pourrai dire « des choses » aux élèves. »
Le cas de Camille est loin d’être isolé. Dans la salle de réunion du QG de Force Ouvrière, une feuille défile. Il faut y marquer une adresse mail, de quoi faire remonter les témoignages de ce type. « On a prévu de faire une lettre pour tous les chefs d’établissement, rappelant la loi qui protège les grévistes ». Le point a été abordé, Camille le note dans son cahier.
Un même problème, des solutions divergentes
A l’ordre du jour de l’AG : préciser ce type d’actions futures. Car si les AED s’accordent sur la précarisation de leur métier, tous n’ont pas les mêmes solutions à apporter.
Actuellement un AED n’a que des contrats d’un an, renouvelables six fois, pas plus. Après cela, il doit changer de métier ou se tourner vers le privé. Selon les syndicats, le temps de formation, comme le salaire, est insuffisant. Le Covid a amplifié le nombre de leurs missions, sans augmentation de salaire ni renforcement des effectifs. Un surveillant gagne en moyenne 1210 euros net par mois – pour 40 heures par semaine.
Autour de la table, les avis divergent. Certains pensent qu’il faudrait des titularisations, d’autres des « CDIsations ». Le temps de trouver un consensus, les membres de l’AG s’accordent sur un autre mot, non moins barbare : “pérennisation de l’emploi”.
« Être plus pérenne qu’un feu de paille »
De l’autre côté de la salle, Marius, jeune AED du lycée Camille Jullian, prévient : « Il faut qu’on sache ce que nous-mêmes en tant qu’AED nous voulons. Notre mouvement est très jeune, il faut qu’il se structure, pour être plus pérenne qu’un feu de paille ».
Cela n’est pas le plus évident : le métier d’AED est précaire, la plupart des surveillants sont aussi étudiants. « C’est parfois difficile de les mobiliser sur le long terme. »
Marius remarque toutefois une communication inédite depuis décembre. « Au niveau national, on s’aperçoit qu’il y a des problèmes communs. » Et de la solidarité ? « Ça, il faudra voir si, à l’avenir, on arrive à créer une mobilisation sur le long terme».
Juliette Pierron