Pokémon GO est le phénomène de l’été. Pourtant la Corée du Sud, quatrième marché mondial du jeu vidéo sur mobile, n’y a toujours pas accès. Le gouvernement bloque les cartes Google Maps, nécessaires pour accéder au jeu. Seule une petite station balnéaire échappe à ce brouillage. Nous avons assisté, sur place, à cette ruée vers Sokcho.

Images et rédaction : Alexis TROMAS

Equipés de leurs smarphones, ils sont déjà plus de 200 millions à parcourir le monde entier à la recherche des petites créatures virtuelles. C’est le premier jeu à avoir autant d’impact dans le monde réel. Des milliers de joueurs qui courent à travers les rues sont devenues des scènes quotidiennes, comme à New York le 15 juillet dernier. 

 En chiffres

  • 200
    millions de joueurs
  • 2,8
    milliards de kilomètres marchés
  • 440
    millions de dollars de recettes

  • 12%
    des smartphones américain ont Pokémon GO installé

Pourtant le jeu n’est toujours pas disponible en Corée du Sud. Toujours en guerre avec son voisin, la Corée du Nord, le pays a mis en place un ensemble de lois pour empêcher les entreprises étrangères d’accéder aux données géographiques du pays. Google est directement concerné. Son service Google Maps reste très limité au pays du matin calme. La raison ? Protéger des yeux de Pyongyang l’emplacement de ses bases militaires et zones sensibles. 

La « Pokémania » débarque à Sokcho

Certains Coréens ont réussi à lancer Pokémon GO, mais restent face à un décor vide, dépeuplé de créatures à capturer. Pourtant la semaine dernière, une rumeur a commencé à circuler : le jeu fonctionnerait à l’extrême Nord-Est du pays. Notamment dans une petite ville à quatre heures de route de Séoul : Sokcho.

La nouvelle s’est rapidement propagée et en quelques heures de nombreux Coréens ont commencé à planifier leur voyage à Sokcho. Des bouchons monstres se forment à l’entrée de la ville, tous les bus et trains affichent complet. La mairie a annoncé qu’en un seul weekend, ce sont plusieurs milliers de Coréens qui ont fait le déplacement.

En effet, la ville profite d’un « bug » : les serveurs de Niantic, le développeur de l’application, découpe chaque pays en plusieurs zones. Dans ce découpage, Sokcho se retrouve en Corée du Nord. La ville échappe ainsi au blocage dont fait l’objet la Corée du Sud.

Le refuge des Pokémons

La mairie a décidé de mettre à profit cette ferveur. Le nombre de relais wi-fi a été multiplié par deux, les patrouilles de police ont été augmentées pour prévenir les accidents et des bannières aux couleurs du jeu vidéo installées. Même le maire donne de sa personne. Il multiplie les interviews à la presse et arpente les rues de la ville pour donner des cadeaux aux touristes déguisé en Professeur Chen, l’un des personnages de la saga Pokémon. 

Cette affluence est aussi une aubaine pour les commerces. De nombreux cafés et restaurants offrent avantages et réductions en fonction du nombre de monstres attrapés. Des agences de voyage vendent des « packages » : transport, hébergement et repas compris au départ de Séoul et des autres grandes villes du pays.

C’est la pleine mousson, la pluie a chassé les nombreux touristes qui parcourent habituellement les plages de la station. Les dresseurs de Pokémons les ont remplacés et à Sokcho, personne ne semble s’en plaindre.

Alexis TROMAS – @alexistromas